Ils et elles s’appellent Hassan, Siankoro, Mohammed, Jasmin, Bright, Adeitho, Nounou, Oyiba, Isatu, Ziarmal, Cheiknè, Sacky, Birahima. Ces hommes et ces femmes sont maliens, congolais, tunisiens, libériens, afghans. Ce sont des réfugiés, héros et héroïnes de l’ordinaire. Ils vivent actuellement à Montmélian, en Savoie, au Foyer des Jeunes Travailleurs ou au Centres d’Accueil des Demandeurs d’Asile. C’est là que je les ai rencontrés puis photographiés dans le cadre de la résidence artistique du Festival Photo de Montmélian.

Avant notre rencontre en mai 2022, tous ont parcouru un long chemin. Ils et elles ont laissé derrière eux leur terre, leur famille, leur vie, avant d’arriver en France. Ils ont pris la route du voyage, mus par l’espoir d’une vie meilleure, avec tous les risques et les espoirs que cela suscite. Ce grand voyage entrepris évoque en moi l’idée d’une odyssée moderne.

L’Odyssée est ce célèbre poème d’Homère. Il raconte le périple d’Ulysse, héros troyen qui vécut de grandes aventures. Depuis, on désigne par « odyssée » un voyage mouvementé, semé d’épreuves.

Lors de la réunion préparatoire à ce travail, Sacky m’a demandé s’il devait parler de lui et raconter son histoire. Je lui ai répondu qu’il n’y avait ici aucune obligation. Le jour J, on a discuté de futilités avec certains et avec d’autres, on ne s’est presque rien dit. Je les ai fait poser. Je leur ai laissé la liberté de me regarder ou de laisser leur regard partir au loin.

Ces portraits réalisés en argentique et en grand format sont faits d’attention, de liberté et d’espoir. Ils représentent pour moi un engagement en faveur d’une plus grande compréhension de l’autre et contre les préjugés que bien trop érigent comme des frontières.